Après plusieurs années de trail et une montée progressive en distance, c'est finalement l'année dernière que je me sens prêt à affronter la CCC, 100 km et 6000 m de denivelé.
Inscription, tirage au sort, la première étape est validée ! Maintenant il reste 8 mois pour arriver au top le vendredi 30 août.
Par chance pas de blessure sur toute la période de prépa. Pas mal de volume sur l'été, des recos, de la plio, et de la prépa mentale pour finir. J'essaye de ne rien laisser au hasard.
La dernière semaine avant la course est interminable, bin oé voir le départ de la PTL et l'arrivée de la TDS ça donne sacrément envie de foutre les baskets ! Heureusement je travaille la veille et l'avant veille donc pas trop le temps de cogiter !
Vendredi matin, 6h00, le réveil sonne. Pains au lait et nutella, puis j'enfile mon costume de guerrier, et direction Courmayeur pour le départ.
Nous voilà à Courmayeur, la musique à donf', dur de se rendre compte qu'on y est !
Dernier encouragement de mon team de supporter (papa, maman et la soeur) pi direction la ligne de départ !
Concentration maximale a 10 minutes du départ |
Le dernier quart d'heure passe assez vite avec les discours et les hymnes des 3 pays. La musique de Vangelis retentit et la première vague est lachée.
En avant !! |
Petit tour rapide dans Courmayeur et on attaque une bonne montée sur route d'un quart d'heure environ. Je trouve bien mon rythme et monte tranquille, on passe maintenant sur sentiers plus étroits et on commence à marcher. Je ne sors pas encore les bâtons car souvent des petits replats permettent de courir. Je croise Fédé un ami qui m'encourage et me prends en photo (merci beaucoup).
plus que 95 kilomètres :) |
la classe non ? |
Dans la traversée jusqu'à Curru, je rattrape deux espagnols, je me cale sur leur rythme et ne les lâche plus jusqu'au sommet de la Tête de la Tronche que nous atteignons en 1h40. Rapide descente sur Bertone, sans forcer je rattrape des coureurs, plein d'eau express et je repars pour la longue traversée jusqu'a Arnuva.
Les jambes vont plutôt bien, et je me fais super plaisir pour l'instant ! Arnuva est vite là, y'à énormément de monde pour nous encourager c'est génial, je repars du ravito gonflé a bloc pour la montée au Grand Col Ferret !
J'entame bien la montée, les bâtons me donnent un rythme, et je trottine les parties plates. A mi chemin je commence à avoir un peu chaud et je ne me sens pas très bien, un peu vaseux, la tête qui tourne, je ralentis, mange une barre, et attends que les forces reviennent. Un wagon de coureur me double dont la première féminine et Romain Buschino du Team, on échange quelques mots je lui dis que ca va, lui aussi. Bon en vrai j'étais au plus mal, mais j'essayais de positiver. J'arrive au col après 4h29 de course.
J'adore la descente qui arrive jusqu'à la Fouly, et je m'imagine déjà en train de rattraper plein de coureurs, mais au bout de 20 mètres je me couche dans l'herbe, en me tordant de douleurs, une barre au milieu du bide, impossible de mettre un pied par terre. J'attends 2-3 minutes que la douleur passe, en vain, regarde passer Caroline actuellement 2ième femme. Je me dis que c'est trop con d'abandonner maintenant, et de toute façon j'ai pas le droit. Je pense à des tas de choses, ma famille qui m'attend à la Fouly, mes amis qui me suivent sur internet, la ligne d'arrivée ... Finalement la douleur s'estompe un peu et je parviens à me lever, petit à petit je me remets à courir, j'ai encore bien mal mais j'arrive à courir. Je croise les Gabioud qui m'encouragent, et j'arrive à la Fouly après 5h29 de course.
Juste avant la Fouly |
Xavier me remotive, puis mon papa fait les derniers mètres avant le ravito avec moi.
Ravito de la Fouly |
Je bois du coca, remplis mes gourdes et sors du ravito, discute avec mes parents, ils me disent d'aller à l'infirmerie, ça m'ennuie de perdre du temps, mais j'en gagnerais surement par la suite. 10 minutes de pause, je repars environ 50ième de la Fouly.
Sur la partie entre la Fouly et Issert, (marquant le début de la montée vers Champex) je sens que je vais de mieux en mieux.
Je sors mes bâtons et cette petite montée de Champex tout à l'ombre me redonne des forces, je grapille au moins 10 places, je n'ai plus mal au bide, une autre course commence. Ravito de Champex, 7 minutes de pause juste le temps de remettre de la Nok sur les pieds et manger un bout. Je repars sur motivé de Champex.
Après le ravito de Champex |
Je cours la plupart du temps sur la partie vallonée jusqu'au pied de Bovine, fais une bonne montée sans problème. Il fait maintenant plus frais, il est 17h et le soleil commence à tomber, on est dans mes heures. J'ai la musique à fond dans les oreilles. Il n'y a plus grand monde sur le chemin, c'est une course contre moi même qui à commencer. Je m'eclate dans la descente vers Trient en doublant 4 coureurs.
Ravito express à Trient, juste le temps de mettre la frontale, de manger et boire (beaucoup trop) et je repars à fond sous les encouragements, ca va chier des buuuuuuulles !!! Pendant 5 minutes en fait, parce qu'en ayant trop bu, j'ai des nausées et je peux plus avancer, je suis obligé de m'asseoir plusieurs fois, je regarde impuissant deux coureurs me passer devant. Ca va mieux sur la fin de la montée, le soleil se couche, vu sur le lac d'Emosson, sentier en balcon balayé par le vent, ambiance...
Ravito Trient |
Après le ravito |
Je fais une bonne descente et arrive sur Vallorcine de nuit, y'a un monde énorme pour m'encourager c'est génial ! Nouveau ravito rapide, je ne peux rien avaler à part deux verres de coca, je prends la dose de barre dans le sac et repart après 3 minutes d'arrêt. Je cours bien jusqu'au Col des Montets, et monte bien la première partie vers la Tête aux Vents, plusieurs frontales sont juste devants. Je mange la moitié d'une barre sur un petit replat, mais deux minutes après je sens l'hypo arrivée, je choisis un beau rocher tout plat pour m'asseoir et me faire un festin d'au moins 5 minutes et une barre pomme cannelle. Puis, repars tranquille en attendant qu'elle fasse son effet. Bon là j'avoue que j'en chie grave jusqu'à la Tête aux Vents, j'avance plus, collé au rocher, je bois toute ma boisson énergetique, le seul truc qui me fait avancer c'est la frontale du type derrière, j'ai pas envie qu'il me rattrape ! En même temps que je vois la Tête aux Vents, les forces me reviennent, et je me remets à trottiner. Je me fais pointer et m'engage dans la descente, Chamonix est en vue, je regarde la montre, j'ai 1h20 pour passer sous les 15h00. 25 minutes pour arriver au dernier ravito de la Flégère, dernier remplissage de gourde et je repars à fond vers Cham.
Je descends à fond, je connais cette descente par coeur, je vais y arriver, je double un coureur juste avant l'entrée dans la ville, les copains sont là, ils courent avec moi. Je suis à fond, le dernier virage, Ludo m'annonce, je lève les bras, je crie, je saute. C'est fini.
Arrivée |
Je tombe dans les bras de ma famille, plein de monde est venu me voir à l'arrivée, trop content de partager ce moment avec vous tous. MERCI.
Bon la suite est moins reluisante, j'ai passé une nuit horrible, entre vomissements et mal de jambes, la journée du lendemain c'était guère mieux. En fait je suis revenu sur terre le dimanche. Le bilan : beaucoup de positif, j'étais très en forme, le corps a tenu, le mental aussi, le reste c'est des détails. Le plaisir a été là quasiment tout le long !
Voilà pour cette CCC, ce qui est sûre c'est que je ferais tout pour être au départ en 2014 !
Un petit mot sur la course, j'ai jamais fais un truc pareil, aussi bien organisé, le balisage est parfait, les ravitos aussi, les bénévoles nombreux et super accueillants, un vrai bonheur de les trouver au milieu de la nuit en haut des montagnes avec le sourire. L'ambiance au départ, à l'arrivée, le suivi live. Bravo pour ce formidable événement qui je l'espère n'a pas fini de me voir au départ !
Théophile Camp - dossard 5037 - 14h51min01s - 28ième
Théophile Camp - dossard 5037 - 14h51min01s - 28ième
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